A MES AMIS
S'il ne me restait plus qu’une heure à travailler
c 'est dans mes oliviers que la passerais
S'il ne me restait plus, qu’une heure à regarder
ce serait nos Alpilles qu’un soir j 'admirerais
S'il ne me restait plus, qu’une heure à écouter
c 'est le chant des cigales, je crois que j 'aimerais
S'il ne me restait plus, qu’une heure pour aimer
c 'est encore Toi, ma femme que je rechoisirais
Et, s'il ne me restait, qu’une heure d'amitié c 'est à vous mes amis que je la donnerais.
Car j 'ai besoin d'amis, c'est pour moi nécessaire
comme j'ai besoin d'eau, comme j'ai besoin d'air
Tout au long de sa vie, on a besoin d'amis
de savoir, qu’on vous aime, et qu’on vous apprécie
pas parce qu’on est plus fort, plus riche ou plus beau
simplement pour soi-même, et sans a priori
malgré tous nos travers, et nos sautes d'humeur
quand on a des problèmes, quand on a des malheurs
tout au long de sa vie, on a besoin d'amis.
Bien sûr on a des joies, au sein de sa famille
des peines aussi parfois, si fortes qu'on vacille
ces jours-là, ils sont là, silencieux mais présents
leurs yeux vous réconfortent, comme des mains qu’on tend.
L'amitié je le crois, celle avec un grand A
c’est comme un tatouage, ça ne s'efface pas
certaines mal gravées, dans le temps s'éliminent
ça vous fait mal longtemps, au creux de la poitrine
comme si dans le cœur, on avait une épine
et si c’était sincère, ça ne guérit pas.
Aujourd’hui quarante ans, comme on dit ça se fête
mais le plus beau présent, qu’ensemble vous me faîtes
c 'est d'être ici présents, merci de tout mon être
et le souhait ce soir, que devant vous j 'exprime
c 'est qu’à ma dernière heure, j'ai encore votre estime.
Le dernier berger
On n’imagine pas, quand on vit en Provence
de parler du pays, sans évoquer Mistral
le vent du même nom, le soleil, les cigales.
On n’imagine pas, nous gens du pays d'Arles
vivre sans les Alpilles, ou sans les oliviers
sans ce soleil qui brille, et qui nous fait chanter
et dans ce lieu magique, ce désert de galets
dans ce pays de Crau, de lumière arrosé
on n’imagine pas, on veut pas y penser
à la Crau sans agneaux, à la Crau sans bergers.
L'agneau c’est la légende, les contes pour enfants
il accompagne l'homme, depuis la nuit des temps
l'agneau c’est l'innocence, l'agneau c'est la douceur
tant de choses qui manquent, aujourd'hui dans nos cœurs.
Des bergers il en reste, des vrais des passionnés
qui parlent à leurs bêtes, qui aiment leur métier
on l'appelle métier, mais c’est un sacerdoce, que celui de berger
comme un prêtre est lié à Dieu, à ses fidèles
c’est de ses bêtes, lui, qu’il est le prisonnier.
Il est l'un des symboles du pays provençal
comme l'est le gardian, comme l'est le Mistral
l'Alpille aux roches blanches, l'olivier argenté les cigales
qui chantent, le ciel trop pur l'été.
Ce sont ces choses simples, qui font notre bonheur
ces choses qu’on côtoie, sans s'en apercevoir
où le sot ne verra, peu ou pas de valeur
mais où riche sera, celui qui sait les voir.
Et quand viendra le jour, où le dernier berger, chassé de son royaume
fermera pour toujours, en pleurs, les vieilles portes, de sa bergerie morte
et sans se retourner, s'en ira, sans parler, pour cacher son chagrin
alors, va dire au Monde, qu’il faut se préparer,
que c’est bientôt la fin.
Et il sait que je me démène, pour qu’on aime le regarder.
Pour le replanter sur sa terre et mourir à ses côtés.
Et dans sa sève la force, de l'amour qu’on lui a donné.
Il est l'arbre de la sagesse, et il est l'immortalité
Le vent, le froid, ni le feu, ne l'ont jamais terrassé
Et quand après un incendie, au pied du tronc calciné
Comme une étincelle de vie, d'un rejet vert l'arbre renaît
C’est une leçon de morale, qu’il donne à l'homme son ami
Où l'important quand tout va mal, c’est encore et toujours la vie.
J'ai pour mon arbre du respect, car il est ce symbole de vie
Cette vie si dure à porter, quelquefois si injuste aussi
Qu’on en vient à se demander, si Dieu ne s'est pas endormi
Lassé de trop de prières, des hommes qui n’ont pas compris