vendredi 15 février 2013

Soirée St Valentin

Ce jeudi soir, nous avons honoré (dixit notre président Michel Navarro) nos compagnes (enfin, pour ceux qui en ont) en les invitant au restaurant "A côté" de JL RABANEL. 
Nous nous sommes régalés de toasts au foie gras accompagnés de marmelade de butter note, d'une cuisse de poulet de Bresse et ses pommes de terre poêlées et enfin d'un fondant au chocolat.
Nos mines réjouies (pour certains) et fatiguées (pour d'autres) nous renseignent sur le déroulement de la soirée...





mardi 12 février 2013

BARGE

Compte rendu de Fabrice Santini de la conférence devant une salle attentive et passionnée :

Le projet Arles Rhône 3.
Ce projet de mise hors d'eau d'une barge romaine a un intérêt au niveau mondial car il n'y a aucun musée au monde qui présente un bateau entier sorti des eaux .Ceci est dû à la richesse de Trinquetaille .C'était un port important de l'antiquité du - 2ème siècle av JC au 7ème siècle ap JC. Il recevait des cargaisons envoyées en Europe du Nord et était une place multimodale de premier plan. A l'époque comme aujourd'hui encore hélas, tout ce qui ne servait pas était jeté dans le fleuve .Les poubelles et les latrines ont toujours été un lieu de prédilection et source de richesses pour les archéologues .Une cargaison pouvait aussi glisser dans le fleuve, les amphores dans l'antiquité correspondaient à nos bouteilles en plastique, une fois vidées elles étaient jetées (des milliers sont découvertes dans le Rhône). Trinquetaille était une place renommée pour la construction navale (bateaux, outils...)
Sur une bande étroite, Trinquetaille est une place archéologique mondiale préservée car située dans une partie calme et sans courant du fleuve, 60 mètres de large, 300 mètres de long avec des fonds de 0 à 6 mètres au plus profond, la partie centrale du Rhône étant parmi les plus profondes des fleuves d'Europe ( jusqu'à 20 mètres).
Le souci principal est sa dangerosité avec une visibilité ne dépassant pas 50 cm, la présence de germes virulents contaminant rapidement une blessure avec de graves conséquences sanitaires. Ces caractéristiques terribles ont fait que de nombreux objets sont restés en place et préservés.
Les recherches ont débuté en 1980 quand on s'est aperçu du trafic des pillards d'amphores.
Le projet Arles Rhône 3 proprement dit:
Une trentaine d'embarcations ont été découvertes avec seulement 5 barques entières. Il s'agit  d'un projet Fouille, Restauration et Présentation d'une barge romaine. Le budget de 9 millions d'euros a été dégagé grâce au conseil général, l'état, la région et le Centre National de Recherches Archéologiques.
La péniche antique de 30 m de long, 3,5 m de large et 1,20 m de franc-bord était chargée de pierre provenant de St Gabriel (église de Fontvieille où se trouve un trou correspondant à une carrière romaine). Les pierres ont été retrouvées en Camargue  dans la constitution des routes et des habitations. Sous la barge, un mât découvert de 4 m permettait aux hommes (esclaves) de hâler le bateau, économiquement plus intéressants que la traction animale .A l'avant de la péniche une cuisine intégrale avec son braséro et la vaisselle des bateliers persistaient encore!
La bateau rempli de pierres s'est mis de travers après avoir cassé ses amarres lors d'une crue et, comme le franc-bord de la péniche chargée était de 15 cm, l'eau s'est engouffrée et a coulé le navire, ceci 45-50 ans après JC (époque de Néron). Le bateau s'est enfoncé dans le limon. A sa découverte, 4m de déchets le recouvrait seul l'arrière de la barge était visible (2m sur les 30 m de la barge).
On a remonté 8900 objets entiers qui recouvraient le bateau, de nombreuses amphores et débris ont été laissés dans le Rhône et 20000 objets sont exposés au musée.
Le projet AR3 (fouille,  relevage et restauration d'un chaland antique) aura des retombées économiques importantes pour la ville d'Arles(L'exposition César a vu la visite de plus de 200 000 personnes ).
Le National Geographic a envoyé des journalistes de Washington (tirage mondial de 40 millions d'exemplaires), des demandes de chercheurs de Boston et Osaka sont parvenus à Mr Sintes.
Le défi était donc de sortir  un bateau de 30 m gorgé d'eau et pesant 80 tonnes .Il a fallu découper le bateau en 10 tronçons qui furent remontés un par un.
Il a été mis au point un caisson flottant avec des barres métalliques glissées sous la barge puis solidarisées. Ensuite un système de vérin  manœuvré par une grue devait permettre de remonter les tronçons.
Une autre difficulté fut rencontrée car le chaland était incliné dans le limon, il a donc fallu d'abord le redresser.
Tous les morceaux furent référencés avant mobilisation. La cargaison de 30 tonnes de pierres a été enlevé pierre par pierre et a demandé 1 mois de travail.
Les sections ont été réalisées à la scie égoïne permettant une scission fine de 1mm. Des clous de 40 cm intègres grâce aux conditions anaérobies qui recouvrait la barge ont été un écueil supplémentaire.
Après la remontée des sections, on a enlevé tous les débris, le fond a gardé les traces des pierres jetées. On numérote chaque fragment, 2800 morceaux ont été référencés (numéro, photos...)
Après numérotation, on démonte toutes les structures qui sont emballées puis envoyées aux restaurateurs sous brumisation constante.
Après la découpe se pose le souci du conditionnement .Chaque morceau est emballé dans de l'eau et envoyé à Grenoble au Centre d'Etude Atomique de Grenoble qui restaure les bois gorgés d'eau.
Le bois est plongé dans une solution de polyéthylène glycol qui pénètre le bois, chasse l'eau et stabilise le bois.
On sort le bois, le sèche en le bombardant de rayons Gamma, le bois est alors fixé.
Un 2ème séchage dans des cuves est fait par lyophilisation .On congèle à -40°C, on fait le vide qui permet le phénomène de sublimation (l'eau s'évapore et le bois est parfaitement sec)
Les tronçons sont solidarisés par une résine teintée, le bateau est entièrement scanné en 3D.
Une aile  du musée de 800 m2 présentera la barge avec une exposition sur la navigation, les outils utilisés 20 ans après JC constituent une collection unique au monde. Il y aura une évocation des métiers du port avec son administration, sa douane et le quarantième des Gaules. Tout  ce qui entrait en Gaulle devait payer 1/40 ème de la valeur de la cargaison qui était ficelée et plombée avec le sceau du port. Cette source de richesse a permis, entre autre, aux douaniers du Rhône de financer le Neptune exposé au musée.

L'aile est en construction et comportera une fosse de 30 mètres qui accueillera la barge avec son mât, sa cargaison en pierres reconstituées, la cuisine avec braséro et vaisselle à l'avant. Elle reposera sur un socle en métal réalisé à Grenoble qui sera remonté au musée. Les structures latérales seront maintenues par des bras invisibles. 3208 clous ont été enlevés, traités à cœur ou détruits puis remis en place ; sans cela, un phénomène dit de Vasa aurait produit de l'acide sulfurique et détruit le bois. Le fer des clous provient de la région de Narbonne (Montagne Noire). Le fond amovible est constitué de chêne et les parties latérales sont des demi-troncs de pins de 45 mètres et vieux de 150 ans venant du Jura. Ces parties sont d'un seul tenant et correspondent au demi-tronc entier sur lesquels on peut observer les traces des outils utilisés par les menuisiers. 
Du fait de sa forme fuselé, c'est un bateau de fleuve adapté à la navigation maritime.
Les conditions météorologiques exceptionnelles de 2010 et l'absence de crues ont permis la sortie rapide du chaland d'avril à octobre.
Grâce à cela, les arlésiens pourront admirer ce trésor le 1er octobre 2013 au musée d'Arles Antique
Photo de notre conférencier Claude Sintes

lundi 11 février 2013

Conférence sur la barge romaine trouvée dans le Rhône

Lundi 11 février 20132 : grand moment au cours de cette statutaire élargie à nos compagnes et amis


par Claude SINTES, conservateur du musée de l’Arles Antique.

La découverte de la barge romaine dans les eaux du Rhône, sa remontée, son transport pour traitement anti corrosion, son retour au Musée …


Le Musée départemental de l’Arles Antique s’agrandit en vue de 2013



LES FOUILLES DU RHÔNE ONT PERMIS DE METTRE AU JOUR DE NOMBREUX OBJETS, LE FAMEUX BUSTE DE CÉSAR MAIS AUSSI UNE BARGE ROMAINE QUI SERONT EXPOSÉS DANS UNE NOUVELLE AILE DU MUSÉE, DEVENU TROP EXIGU.


Le travail de sauvegarde de la barge sera particulièrement complexe, et devrait s’effectuer en plusieurs étapes :

1-Sortir la barge du fleuve
Soit des techniques d’archéologie sous-marine, soit des batardeaux. Cette dernière technique, est beaucoup plus impressionnante car elle isole les fouilles du fleuve, permettant ainsi de travailler au sec, en plein milieu du fleuve.
Le Musée départemental de l’Arles Antique s’agrandit en vue de 2013
Les archéologues ont remonté du Rhône de nombreux objets au caractère exceptionnel de par leur état de conservation et pour l’intérêt qu’ils représentent en offrant un aperçu de la vie telle qu’elle était du temps de l’Arles romaine.

Aujourd’hui, avec l’exposition temporaire autour de César, seules 500 pièces exposées, mais les archéologues ont en déjà remonté plus de 30 000 au total, et il en reste surement encore beaucoup à découvrir et remonter, dont une barge romaine de 30 mètres de long, datée précisément de l’an 30 Après JC.Claude Sintes, le directeur du musée nous précise que « ces objets donnent une véritable compréhension de toute cette organisation commerciale qui se faisait entre l’Europe du Nord et Bassin de la Méditerranée, on comprend comment on organisait le transport des biens, des personnes. C’est une avancée scientifique de premier ordre. Le Conseil Général a souhaité que l’on puisse montrer aux populations, la richesse de ces fouilles, parce qu’elles parlent à nous tous. Avoir des informations sur ce domaine là, c’est comprendre mieux, quelque chose comme la mondialisation, parce que c’était déjà fait d’une certaine mesure à l’époque antique».
Restitution 3D des structures primaires de la coque du chaland © M. Cazaux / F. Conil / J. Pasquet / D. Schiano / Supinfocom-Arles / MDAA / 2009

2-Traitement spécifique pour sa conservation durable au sec
Le bateau, une fois désossé, sera amené à Grenoble où il sera traité avec des technologies de pointe pour assurer sa bonne conservation future : rayonnements Gamma ( techniques nucléaires) et lyophilisation « Les objets sont traités puis sont congelés, pour que toutes les molécules d’eau à l’intérieur, puissent être extraies sous forme de vapeur. Les bois gorgés d’eau à l’origine seront désormais stables. » explique Claude Sintes.

3-Installation et remontage dans la nouvelle aile du musée
De retour de Grenoble, la barge pourrait être remontée devant le public en vue de l’année culturelle 2013 et sera accompagnée des nombreux objets collectés lors des fouilles du Rhône.

Ces travaux sont estimés à 8 millions d’euros pour une livraison en 2013. Le Conseil Général 13 a prévu un investissement exceptionnel de 6 M€, les 2 M€ restant pourraient être pris à la charge de partenaires privés. Jean Noël Guerini a annoncé ce 7 juin 2010 qu’un accord de principe avait été trouvé dans ce sens avec la Compagnie Nationale du Rhône.

Maquette montrant la découverte de la barge romaine.
Maquette montrant la découverte de la barge romaine.